- Aaaaaaaaooow...

Pfff je hais le matin. Sérieusement. Encore, quand j'ai rien à faire, j'peux rester au lit toute la journée, je m'en fiche, mais là...
Apparemment, je suis pas assez autonome pour vivre toute seule. Dixit mes parents. N'importe quoi, je suis parfaitement autonome. J'ai pas besoin d'aide. Mais bon, c'est ça ou rien. Alors, forcément, j'ai dû accepter.
Le téléphone sonna. Je décrochai en grognant.

- Oui, oui, j'arrive !

Même pas besoin d'écouter pour savoir que c'est mes parents. Ça doit faire, allez, 10 fois qu'ils m'appellent toutes les 3 minutes pour que je descende. Ils m'attendent en bas de l'immeuble pour m'emmener chercher un neko à l'animalerie du coin. Ma mère est excitée comme une puce. Elle adore les nekos, elle voudrai en avoir plein à la maison, mais y a pas la place. C'est elle qui a insisté pour que j'en ai un dans mon nouvel appartement, histoire que je me sente pas trop seule.
J'attrape mon manteau, mes clés et je sors. Je dévale les escaliers et me retrouve en bas de l'immeuble. Tiens, il n'y a que ma mère, je pensais que mes deux parents viendraient. Si quelqu'un devait venir, j'aurai aimé que ça soit mon frère, mais maintenant qu'il a son boulot, on le voit à peine.

Bref, on se dirige vers l'animalerie, et j'écoute distraitement ma mère s'enthousiasmer sur les nekos, m'expliquer comment on s'en occupe, ce qu'ils aiment, bla, bla, bla...
Personnellement, les nekos ça ne m'emballe pas tant que ça. Enfin, je veux dire, je trouve pas ça si incroyable. Bien sûr, je suis contre ceux qui les maltraitent ou qui en font des esclaves. Est-ce qu'on maltraite les chiens ou les chats? Non... Mais dans le sens où les nekos peuvent parler et ressentir des choses, ça en fait plus que de simples animaux, non? Alors je vois pas pourquoi on les enferme ou pourquoi on les chouchoute comme des vulgaires animaux de compagnie. Est-ce que vous allez attacher des rubans et des petits machins kawaii dans les cheveux de vos amis et les promener en les exhibant? Non. Alors bon, je vois pas pourquoi on le ferai avec les nekos.

Tout ça pour dire que l'ambiance de l'animalerie est pas joyeuse. On entre, et le vendeur se matérialise devant nous, tout sourire. Whoa, il m'a foutu la trouille. Je l'ai pas vu débarquer... Et il nous sort une de ces têtes, genre sourire grimaçant, et avec sa voix la plus faussement mielleuse.

- Bonjooour, que puis-je faire pour vous?

Allez, faux-cul va. Je ne lui réponds même pas, et me dirige vers les nekos. J'entends ma mère lui répondre, et commencer à faire la conversation.
Beurk, c'est d'un sinistre ici. Et c'est quoi toutes ces cages, c'est horrible, on se croirai dans un zoo. La plupart des nekos se recroquevillent au fond de leur prison sur mon passage. Je ne peux m'empêcher d'avoir le coeur serré à la vue de ce spectacle. Mince, alors, j'ai l'air si méchante que ça? J'essaie de mette un peu de joie sur mon visage, mais n'arrive qu'à grimacer un pauvre sourire.
Je regarde un neko mâle très mignon. Je l'aime bien. Mais à peine je m'approche que ma mère surgit.

- Oh ! Non, non, non ! Pas un mâle ! Je ne vais pas laisser ma petite fille seule avec un garçon !

Super, merci maman. Un des avantages que je voyais à adopter un neko venait de s'envoler. Bah, après tout, mon neko rencontrera d'autres nekos, et ils deviendrons potes nekos, et ces autres nekos auront sûrement des maître plutôt beaux gosses. Eh, ne me jugez pas, je suis une fille de 17 ans, c'est normal de penser aux garçons !
Je plaisante, la vraie raison, c'est que j'aurai aimé avoir un neko qui puisse combler le vide qu'a laissé mon grand frère. Mais ça, ma mère ne voudra jamais le comprendre. Elle aurait trop peur qu'il arrive quelque chose à sa fille chérie.

J'avançai parmi les cages. Le vendeur apparut à côté de moi, toujours avec cet abominable sourire.

- ARGH ! Mais arrêtez de faire ça ! Et laissez moi choisir tranquillement !

Ok, j'avoue, je suis insolente, mais je ne peux pas le voir. Sa tête me répugne. Et la façon dont il repousse les mains que les nekos tendent à travers les barreaux me hérisse le poil. Abjecte personnage...
J'entends un tout petit miaulement. Un petit miaulement à la fois effrayé et plein d'espoir. Je me tourne de tous les côtés pour trouver le neko qui appelle ainsi, et mon regard se pose sur une cage, presque invisible.
A l'intérieur, une petite neko me regarde. La première chose qui me frappe, c'est ses yeux. Un bleu, un marron. Ou orange. Je ne sais pas vraiment. Mais bon, elle a des yeux tristes et effrayés. Et elle a l'air toute jeune ! Je suis sûre qu'elle n'a même pas 10 ans ! Elle est si petite et si maigre. Avec sa peau pâle et ses cheveux noirs, on dirait un peu une poupée. Elle est vraiment mignonne.
De nouveau un petit miaulement, à peine audible. Mais le vendeur l'a entendu, lui. Et apparemment il n'a pas aimé, puisqu'il a frappé la cage en faisant 'Pchhht'.
Cet homme me dégoûte. J'appelle ma mère, et lui montre la petite neko. Elle commence à s'extasier, à imaginer comment l'habiller, quels genre de petis accessoires mignons lui iraient, et ce genre de trucs... Peuh, même ma mère est détestable des fois.

Pendant qu'elle essaie de tripatouiller la pauvre petite neko en faisant gouzi gouzi, je lis l'affichette accrochée à la cage.

Sexe: Femelle
Nom: Moeru
Caractere: Docile, timide, parle peu
Age: 9 ans

Moeru, c'est joli. Et 9 ans, j'avais raison. Je regarde le prix. Tiens, elle est beaucoup moins cher que ce que je pensais. Les autres neko de la boutiques valent pour la plupart le double de son prix. Quand je m'informe de la raison au près du vendeur, l'explication tombe, simple, brutale, implacable.

'Personne n'en veut.'

Eh ben si. Moi.
Ma mère s'est enfin poussée, et je m'agenouille devant la cage. J'avance la main et touche les barreaux froids et tristes. Les vêtements de Moeru sont sales, et vu de près, on voit que son visage est marqué par la faim. Je sens mon coeur se serrer. Je passe mes doigts à travers les barreaux.

- Salut, Moeru. Tu veux sortir d'ici?

Je maintiens ce que j'ai dis. Je n'ai pas spécialement envie d'un neko, ça serait même plus une contrainte qu'autre chose. Mais ce misérable vendeur, cette cage insalubre et ces deux yeux de couleurs différentes m'ont donné envie d'en sauver au moins un. Au moins elle.

Quand j'ai posé ma question, la petite neko s'était approchée doucement. Elle avait sourit et hoché la tête. Ok, alors allons-y !

Je me relève, et regarde ma mère. Elle a l'air toute contente et trépigne. En temps normal, pour ne pas vexer le vendeur, j'aurai fait le tour du magasin en faisant semblant d'hésiter, mais là, je n'ai pas du tout envie de lui faire plaisir.
Le vendeur s'approche, grimaçant. Je suis sûre que si il avait su que quelqu'un adopterai Moeru, il aurait pas mis le prix si bas. Bien fait pour lui.

- Vous avez choisis la petite?

- Oui...

-Très bien...

Il part dans l'arrière boutique en grinçant des dents. Je m'agenouille de nouveau devant la cage. Moeru a l'air toute heureuse maintenant. Ses jolis yeux brillent. Tant mieux.

Le vendeur revient. Il tient toute une panoplie d'objets chers et inutiles qu'il va essayer de nous refourguer. Arrivé à notre hauteur, il pose tout son barda par terre et sort un gros trousseau de clé.
Allez, grouille, j'ai pas toute la journée... Il passe des heures à examiner chaque clé, en essaie quelques unes, grommelle, puis finalement il trouve la bonne, et ouvre la cage.
Il attrape brutalement la petite neko par le bras et lui accroche une laisse. J'ouvre de grands yeux. Nan, mais ça va pas ou quoi? Ce gars est malade, on agit pas comme ça avec les enfants, même si ce sont des nekos...

Il me tend la laisse et je l'attrape sans un regard, puis la détache. Je l'abandonne lâchement par terre sur le regard ébahi de l'affreux bonhomme et prends la main de Moeru pour l'aider à sortir de la cage. Elle a vraiment l'air contente, et fait de grands sourires. Je lui souris aussi. Je voudrai la rassurer. Elle ne sait sûrement pas ce qui l'attends, et ça doit être assez angoissant de changer d'endroit comme ça d'un coup... Quoique, partir de cet endroit ferai plaisir à n'importe qui. C'est sûr que chez moi, c'est pas la belle vie, mais pour elle, ça sera toujours mieux qu'ici...
Je lève la tête et m'aperçois que touts les autres nekos du magasin nous regardent. Je me sens vraiment triste pour eux... Certain ont l'air d'être là depuis... Très très longtemps. Peut être que je pourrai convaincre des amis de venir en acheter. Mais à quoi bon, à peine ils seront achetés qu'ils seront remplacés par d'autres...
Je sais qu'il y a une association qui veut que les nekos soient considérés comme des compagnons et pas des esclaves. Je devrais peut être y faire un tour un de ces jours...

Le vendeur s'approche, et commence à montrer ses articles. Un panier, pour dormir, une gamelle, une laisse, une balle qui fait pouet... Et je repousse tout du bout des doigts, dédaigneuse, avec un 'non merci' nonchalant. J'ai déjà tout ce qu'il me faut.
Et je compte pas la traiter comme un chien, c'est bon. Nan, mais sérieusement, un panier pour dormir... C'est ridicule, non?
Brrr, je n'en peux plus de le voir, il me répugne, je vais vomir. Vite, penser à autre chose.

- Dis, Moeru, tu n'as que ces vêtements?

Je me demande si je dois l'emmener faire les boutiques pour lui acheter les choses qu'elle veut, du genre des vêtements, des choses qu'elle veut manger... Et puis, la journée je suis au lycée, et des fois je travaille, alors il faut bien qu'elle s'occupe, j'ai pas envie de me retrouver avec un neko mort d'ennui sur les bras... D'après ce que je sais, ça coûte très cher, les articles pour neko, mais si je dis à maman que c'est pour Moeru, elle sera sûrement d'accord.

La fille annonce qu'elle va l'acheter. En ce moment, la joie de Moeru n'est pas mesurable. C'est a peine si elle ne sautait pas dehors et dansait dans toute l'animalerie. Mais elle avait quand meme trop peur pour ca, il ne faut pas exagerer.

Le vendeur essaie d'ouvrir la cage, mais Moeru est trop enchantee par sa nouvelle maitresse pour lui preter attention. D'un coup, elle est tiree vers l'exterieur de la cage, et une laisse est accrochee a son cou. Elle grimace un peu, mais ca valait le coup. Si elle voulait sortir d'ici, il fallait bien qu'elle soit sage et obeissante, et qu'elle accepte les details. Mais la laisse est alors enlevee de son cou, et sa nouvelle maitresse l'aide a se relever, en lui prenant la main. Elle se laisse aller, et la suit, tout sourire encore une fois. Les premieres impressions sont importantes! Meme si il semblait que se soit plus ou moins sur que cette fille la prenne, il fallait continuer ses efforts, elle pourrait toujours revenir et l'echanger, et ca, Moeru voulait l'eviter a tout prix!

Puis le vendeur recommenca un de ses discours, pour tenter de vendre des accessoires inutiles cette fois, que la fille ne pris pas.Au contraire, elle s'interesse d'avantage a la neko.

- Dis, Moeru, tu n'as que ces vêtements?

Moeru baisse les yeux, et constate que ses habits sont bien sales et abimes compares a ceux de sa nouvelle maitresse... Elle les portait depuis son entree ici, et bien qu'elle en prenne soin, un vetement ne peut que tenir un certain temps avant de paraitre vraiment sale...

-Oui Madame... ou Mademoiselle... Je n'ai que ca, mais ne vous inquietez pas, ca me va tres bien...

Il ne fallait pas depenser de l'argent inutilement pour elle, elle pourrait les laver vite fait, et ils tiendraient bien une semaine!

-Oui Madame... ou Mademoiselle... Je n'ai que ca, mais ne vous inquietez pas, ca me va tres bien...


J'hausse les épaules à cette phrase. En fait, ça me fait bizarre d'être appelée mademoiselle... Mais si ça lui plaît, je vois pas pourquoi je l'en empêcherai. Et puis, pour les vêtements, je vais quand même pas la laisser avec les mêmes toute sa vie... En plus, les gens vont penser que je m'en occupe mal si elle en change jamais... Je me penche vers elle.

- Dis moi, Moeru, tu viendras avec moi faire du shopping hein? Tu m'aideras à choisir des vêtements, et je t'aiderai à en choisir.

Le vendeur nous regarde bizarrement. Quoi, j'ai le droit d'être gentille avec mon neko si je veux. Elle est à moi maintenant, je fais ce qu'il me plaît avec.
Ma mère se dirige vers lui pour payer, tandis que j'attrape la main de Moeru et l'entraîne vers la sortie.

Une fois dehors, le soleil me pique les yeux, et je suis frappée par le bruit de la circulation autour de nous. A l’intérieur de la boutique, il fait sombre et on n'entend que les animaux crier...
En attendant que ma mère arrive, je montre un immeuble au loin.

- Tu vois, c'est là qu'on va habiter. Et là, c'est la boutique de vêtement, le lycée est là bas, et là, c'est là où je vais travailler. Je m'entraîne pour devenir photographe. Là, c'est le centre commercial, et l'hôpital est dans cette rue. Et là..."

J'énumère les différents coins de la ville, sans vraiment faire attention à si elle m'écoute. Ma mère sort enfin du magasin, et nous commençons à rentrer.