Une rencontre autour d'un verre [PV Lita]

Cette journée était épuisante. Toujours à la recherche d'une néko qui avait disparue depuis trop longtemps pour être retrouvé. Pourtant, il fallait continuer à la chercher, pour ne pas perdre espoir de la retrouver.

Cette néko, très séduisante, avait vingt ans, lorsque qu'elle sauta par une des fenêtres laissée ouverte de l'appartement. Pour moi, c'était très clair, j'avais besoin de cette néko, non pas pour jouer sexuel, mais parce que c'était la seule véritable amie que je possédais. Je n'avais d'ailleurs pas compris pourquoi celle ci, sans le savoir, s'échappa pendant cette journée. Elle ne faisait pas grand chose dans l'appartement, et d'ailleurs je m'en fichais, c'était simplement une amie... Ma meilleure amie avec qui je partageais tous. Après tout, je me fichais de savoir si celle ci était mi chat mi humain. C'était une personne, qui avait des sentiments, c'était un être humain... Un être humain...

Je regarda ma montre : il était neuf heures du soir, et je n'avais toujours pas mangé. Couché sur le canapé, je réfléchissais en pensant à ma néko. Au bout de quelques minutes, je partis dans la salle à manger, ouvrant les placards, en ne trouvant que des sachets vides de pâtes, riz...

« Bon, ben on va au resto alors »

Je pris ma veste en cuir, et marcha jusqu'au centre ville qui ne se trouvé pas très loin de chez moi.

Pendant tout le trajet, je ne pus empêcher de regarder chaque néko qui passait à coté de moi. Bien évidemment, aucun de ces nékos n'étaient celui que je recherchais, depuis déjà plusieurs semaines.

Tout à coup, je pris conscience que ma néko s'était peut-être fait reprendre par les forces de l'ordre ou par un chasseur de néko.

« Mais bien sur... »

Si cette hypothèse était vrai, il était alors possible qu'elle soit dans une cage à l'animalerie. Je savais où celle ci se trouvait, mais je ne connaissais pas les heures d'ouvertures et de fermetures.

Tout en marchant, je me dirigeais vers cette animalerie, et je vis que je rideau n'était pas encore baisser. Je rentra donc dans cette prison, en allant directement au comptoir. Un jeune homme était assit, me regardant :

« Que puis-je pour vous, cher monsieur »

Je fouilla alors dans ma poche, en sortant mon porte feuille. Je pris la photo qui se trouvait à l'intérieur de la première poche, en la montrant au vendeur :

« Avez-vous vu cette néko ?

Le vendeur me pris la photo des mains, en la regardant avec ses lunettes, qu'il avait sur le haut du crâne. Surpris, il me répondis :

« Lily ? Elle est partit depuis déjà deux semaines. »

Effectivement, elle s'appelait Lily... Je lui avait acheté un joli pendentif avec son prénom gravé dessus. Elle était donc à l'animalerie, seulement, quelqu'un l'avait déjà acheté.

« Puis-je savoir qui a acheté cette néko ? »

C'est alors que le vendeur sortit un grand cahier. Il alla au vingt mai.

« Un certain Ron Akari, si j'ai bien compris, il est policier »

Je remercia alors le vendeur, et repartis de l'animalerie, encore plus dépité que jamais. Elle avait été achetée, et je ne pouvais rien faire pour elle, sauf peut-être me rendre au commissariat pour prendre de ses nouvelles, et peut-être même la récupérer, si ce Akari est d'accord. Je regarda une nouvelle fois ma montre : dix heures et demi. Ce n'était même pas la peine d'aller au commissariat à cette heure ci.

Je traînais pendant quelques minutes dans les rues. Les restaurants étaient pratiquement tous complets. Je passa alors devant le bar réputait pour ses bagarres entres nékos rebelles et humains. Pourtant, tout avait l'air calme, alors je décida de rentrer essayant de trouver une table libre. Ce fut le cas, et un jeune serveur s'approcha de moi, tout en sortant son carnet :

« Que puis-je pour vous ? »

Je regarda autour de moi, avant de regarder les différents alcools. Au bout de quelques secondes, je me décida finalement :

« Un double whisky »

Je n'avais pas l'habitude de boire, pourtant, il fallait bien que j’oublie ce qui venait de m'arriver...

-Je suis au Paradis-

Le soir, quand les pensées se troublent, que l'alcool emplit le sang, que les coqueliches crèvent, sombrant au creux de leur recueil, quand une joueuse boit, quand une joueuse se lacère le coeur à coup d'alcool, quand l'alcool se ressent, quand il refuse de souiller la joueuse et lui insinue plus de jeu encore. L'alcool ne permet pas l'oublie, l'alcool facilite l'amusement et chasse l'implacable ennui.

Ce soir-là, il ne faisait pas froid. Mais il ne faisait pas chaud non plus, et en balançant mes jambes au pied d'une des chaises de bois qui peuplait mon salon, j'avais découvert que j'avais sans doute mieux à faire. Je m'étais donc levé, t-shirt et jean conventionnels, munie de mon chapeau, qui couvrait et cachait à merveille mes petites oreilles. J'avais l'air d'une humaine un peu paumée, alors que j'étais une neko un peu paumée. Au fond, qu'est-ce que ça pouvait bien changer ? Sans mes jouets, sans mon perpétuel jeu, je n'étais plus personne, je n'étais même plus paumée, juste personne. Ce soir, je n'avais pas de jouets, ni à portée de main, ni en vue. C'était rare. Rare et terrifiant.

La seule solution dans ce genre de situation, je le savais, c'était d'aller boire un petit coup au bar le plus proche. L'alcool, c'est marrant et j'étais bien placée pour le savoir. Je n'étais pas souvent ivre ou totalement bourrée, je ne buvais pas si souvent, en fait. Je ne buvais que quand je faisais la fête ou que je m'ennuyais désespérément. Pourtant, dans ces deux cas, l'alcool est jouissif, et il est donc nécessaire, comme il est nécessaire de faire avec les bonnes choses de la vie, de le garder pour les soirs de déprime trop accentuée ou pour les rares fiestas vraiment marrantes.

Ce que je préférais, dans les bars, c'était trouver des types bourrés, et m'amuser jusqu'au matin avec leur nerf de dépressifs ou d'alcooliques. Ou de gens normaux à fleur de peau. Boire, ça valait la peine si ça m'aidait à trouver des jouets et à délier mon rire plus simplement.

Bref, j'allais joyeusement boire ce soir.

Quand j'entrai dans le bar que je connaissais le mieux et qui me tentait le plus pour ce soir, un homme venait de commander poliment un double-whisky. Dans mon instinct habituel, je criai au barman de me servir la même chose et m'assit loin de l'homme que j'avais vu commander, comme si de rien n'était, attendant d'une pause nonchalante mon verre.

Cet homme serait ma victime, mon prochain jouet.

Il avait les cheveux longs et un style plutôt rock, et ne semblait pas respirer la joie de vivre. J'aviserais, je savais que, comme à mon habitude, je ne pourrais que trouver satisfaction, dans l'échec ou la victoire, la victoire étant évidemment préférable.

Pour l'instant, il ne se passait rien, les gens commençaient seulement à peupler les petites tables en bois et les tabourets du bar. Plus tard, ce serait sans doute plus agiter. Je m'étais déjà battue ici. La bagarre est un jeu non-négligeable.
On me servit enfin mon verre, que je bus d'un trait.

"Un autre, s'il vous plaît.

Je réfléchis un instant, puis retint le serveur pour lui annoncer ma seconde requête.

-Et un autre pour le type là-bas."

Je désignai le rockeur aux cheveux longs et attendit que la situation chasse l'ennui. Ah, une belle nuit s'annonçait.

Le bar ou je me trouvais se remplissait à une vitesse folle. Mon verre commandait quelques secondes plus tôt arrivait enfin. Il fallait que je trouve un moyen d'oublier tous ce qui venait de se passer, et l'alcool était le meilleur moyen pour ça. La première gorgée était probablement la moins agréable à boire. Je me lança finalement après avoir mit deux glaçons dans mon verre. Finalement, ce n'était pas si terrible, c'était même plutôt agréable.

Une fois le verre posé sur la table, je sortis mon portefeuille, en sortant un billet pour payer mon verre, je n'avais pas très envie de rester trop longtemps ici, surtout lorsque je m’aperçus que toutes les tables et tabourets en bois étaient occupés. Je jetais alors mon regard par ci par la, sans vraiment faire attention. Tous les serveurs étaient prit d'assaut ; certains écrivaient les commandes, d'autres se précipitaient vers le comptoir cherchés les précédentes commandes.

Un jeune couple était assit à une table non loin de la mienne. Je les regarda un moment sans rien dire, juste les observer. Il avaient l'air heureux, ils souriaient, riaient, s'embrassaient, c'est à ce moment ou mon regard retourna vers mon verre déjà presque vide, et le billet posé sous le verre. Je pris mon verre de la main droite, et sortit mon portable de ma poche gauche. Il vibrait, j'avais sans doute du recevoir un message.

Tout en buvant le fond de mon verre, j'ouvris le message qui venait d'un numéro que je ne connaissais pas. Bizarrement, il n'y avait rien marqué dessus, c'était probablement une erreur. Je rangea alors mon portable dans ma poche avant de me lever. J'allais partir, je n'avais rien à faire ici.

Tout à coup, un serveur, s'approcha de moi, amenant probablement un verre de whisky. Au départ, je n'y faisait guerre attention, beaucoup de personnes commandaient cet alcool. Mais il s'arrêta à ma table.

« Un Whisky de la part de la jeune demoiselle de la table 5 »

Le serveur, prit le verre avant de le mettre sur la table, en me souriant. Dans son regard, je pouvais bien voir l'air « T'as une touche mec, ne gâche pas tout » . Moi, très surpris, je jeta un regard un peu partout dans la salle. Finalement, je vis la table 5 : Une jeune femme se trouvait la, toute seule. Elle portait un tee-shirt que je trouvais classique, un jean qui n'avait pas l'air très confortable, mais également un chapeau, qui lui allait plutôt bien. Quant à moi, je me demandais pourquoi cette femme, sans rien faire, me commanda un verre.

A mon tour j'allais à la rencontre d'un serveur, mon verre à la main.

« Un Whisky pour la demoiselle de la table 5 »

Aussitôt je retourna à ma table. Je regarda alors le serveur, un jeune garçon qui devait à peine être majeur, mais qui connaissait déjà son métier à la perfection, qui amena le verre à la femme, toujours aussi inconnue.

Je réfléchissais un moment, environ trois minutes, pour me rendre compte qu'il était temps que je m'amuse un peu, au lieu de me lamenter sur mon pauvre sort. Il fallait que je m'amuse, par n'importe quel moyen, même si certaines personnes doivent souffrir pour ça.

D'un coup, je bus mon verre, avant de me lever et d'aller au comptoir. Devant ce comptoir en bois, ce trouvait une dizaine de personnes, probablement des connaissances du patron, derrière ce même comptoir. Je m'installa alors au bout de celui ci, en attendant que quelqu'un vienne me trouver. Le patron en personne, s'approcha de moi, en prenant un verre par la même occasion :

« Vous avez besoin de quelque chose ? »

Je regardais tous les alcools présentaient. Mais je ne pus faire un choix :

« Donnez-moi deux verres de votre alcool le plus chers »

Le patron, qui porté une chemise trop vieille à mon goût s'en alla dans le fond du dépôt, qui se trouvait à droite de l'entrée du bar. Quelques secondes plus tard, il me servit dans deux verres assez petit un alcool légèrement plus clair que le rhum. Je sortis la somme qu'il m'indiqua en espèce, avant de lui tourner le dos poliment. J'allais maintenant vers la table 5, ou la jeune femme se trouvait encore la. Sans faire attention, je m'approcha, et m'assis en face d'elle, en lui tendant l'un des deux verres :

« Je ne crois pas avoir fait votre connaissance. Moi, c'est Lyô. »

-Alcool-

On m'apporta un verre de whisky supplémentaire, en plus de celui que j'avais déjà commandé, je le bus à la suite du premier sans en sentir l'effet. Je me sentais seulement un peu plus délurée, un peu plus prête à crier, à hurler, à faire chier le monde. Je n'avais pas de nausées ni l'envie soudaine de faire striptease sur la table, on aurait pu croire que je n'avais rien bu si mes yeux ne viraient déjà pas au sournois et au vitreux. Le verre venait indégnablement de l'homme à qui j'en avais moi-même offert un, je n'étais pas stupide, même assez intelligente pour le deviner. Je le cherchai des yeux pour savoir où mon petit jeu en était. Il se trouvait au bar, je ne savais pas ce qu'il attendait mais détournai le regard.

Je me sentais déjà mieux, et poussé dehors par l'insolence et le doux liquide marrant, l'ennui s'était envolé. Le monde pourraient un jour être dirigé par des gens comme moi, j'en était persuadé. Pourquoi le jeu et les gens qui ont des oreille ne pourrait dominer la planète entière si des politiciens abrutis, cupides et sans oreilles pouvaient le faire ? Moi-même je ne régnerais jamais, et je le savais, le monde actuel n'était pas très favorable aux nekos, et encore moins au pur amusement. Seul l'argent compte. En fin de compte, l'argent nous régit, tous autant que nous sommes.

L'homme s'approcha de moi, je l'avais vu mais je ne le regardai pas. Quand il s'assit, je posai des yeux alcoolisés et malicieux sur lui, accompagnés d'un sourire malin. Il me tendit un verre que je le laissai de côté pour me concentrer sur son prénom et son visage. Il s'appelait Lyô. Ca n'avait rien de choquant et il le portait plutôt bien, disons que ça ne dénotait pas. Il n'était pas beau, pas laid, il était un jouet.

"Lita.

Un homme s'arrêta puis tapa sur mon épaule en souriant comme un débile. Je le regardai avec de grands yeux quand je me souvins m'être déjà amusée avec lui, j'avais détruit sa vie. Il ne m'avait pas paru sympathique lors de notre première rencontre, à insulter tous les nekos qu'il connaissait sans savoir quand j'en étais une. J'avais alors organisé son divorce et son licenciement, à l'aide de méthodes personnelles, les petits secrets du magicien. Lui s'imaginait encore que je n'étais qu'une simple connaissance, qui n'aurait jamais pu lui créer quelques soucis que ce soit. Pauvre type. Je savais pas s'il essayait de me draguer ou de m'emballer, mais j'eus envie de lui arracher les yeux. Il venait interférer avec mon jeu du jour. Idiot. Je le regardai, haineuse, et lui crachai presque :

-Dégage.

Son visage se tordit en une sorte de grimace indescriptible, puis il partit avec sa fierté en m'injurant de tous les noms. Je ne pus m'empêcher de rire avant de me retourner vers mon interlocuteur.

-Désolée. Nan, c'est vrai, on se connait pas encore. Enchantée."

J'haussai un sourcil, puis le fixai.

Il était enfin temps de passer à l'action. Ma phrase terminée, il ne fallait que la réponse de la demoiselle devant moi. Elle n'avait pas eu l'air surprise de ma présence en face d'elle, comme si elle était déjà au courant de ce qui allait se passer.

Elle s'appelait Lita, un prénom assez court, qui lui allait assez bien. Je n'eut d'ailleurs que le prénom, et cela m'intrigua. Effectivement, elle aurait pu également énoncer son nom. Des hypothèses parcoururent mon cerveau, avant que l'alcool prennent à son tour le contrôle de mon corps. Il est vrai que je ne supportais pas très bien l'alcool, surtout le whisky.

Soudainement, un homme s'approcha de Lita, en lui tapant sur l'épaule. Le pauvre était déjà presque dans le coma, et ça me fit pitié pour lui. Lita, elle le regarda et son regard changea quelques secondes, le temps pour moi de voir que les deux personnes se connaissaient. J'entendis alors un dégage de la part de la fille se trouvant devant moi. Son langage m'interpella, en me faisant penser qu'elle avait peut être vécu dans un quartier pauvre de la ville, et sa tenue vestimentaire confirmait mon hypothèse. Très vite je compris qu'une chose ne collait Il était enfin temps de passer à l'action. Ma phrase terminée, il ne fallait que la réponse de la demoiselle devant moi. Elle n'avait pas eu l'air surprise de ma présence en face d'elle, comme si elle était pas rien que dans son physique, mais j'avais beau chercher, l'alcool limitait considérablement les chances de trouver une hypothèse valable.

Quelques secondes après avoir fait partir l'homme déjà affalé par terre un peu plus loin, elle me confirma que nous ne connaissions pas. Pourtant, il me semblait l'avoir déjà vu, mais cela m'échappa vite de l'esprit après une gorgée de mon verre déjà à moitié vide. Je regarda un peu partout dans le bar : la panique commençait à peine, quelques personnes affalaient à même le sol, tandis que certains appelés déjà les secours les plus proches. C'était vraiment une sale ambiance dont je n'avais pas l'habitude, ce qui n'était probablement pas le cas de Lita, qui devait fréquenter plusieurs fois par semaines ces lieux.

Quelques minutes passèrent, ou je parlais pas, je regardais plutôt les secours amenés déjà leurs premiers patients. Les policiers, étaient également là, et lorsque l'un osa rentrer dans le bar, le silence fût tel que même les mouches s'arrêtèrent de voler. Il regarda toutes les personnes présentes aux différentes tables. Au bout de quelques secondes, il fit marche arrière et sortit du bar, puis le silence disparu.

« C'est bizarre, on aurait dit qu'il cherchait quelqu'un »

Dis-je à voix basse pour mettre de l'ordre dans mes idées. Plus tôt dans la soirée, j'avais décidé de m'amuser pour me soulager de ma déception qui m'avais arraché le cœur, pour ne laisser qu'une enveloppe vide dans ce bar. Je me tourna et la première personne que je vis fût Lita. Je ne connaissais encore rien sur elle, sauf son prénom... Un mystère qui fallait mieux éviter ou le découvrir ? Je décida de rompre le silence entre nous deux pour en savoir plus.

«Je dois avouer que vous m'intriguez. Puis-je en connaître plus sur vous et votre vie qui à l'air tout à fait passionnante ? »

Les dès étaient jetés, il ne fallait qu'attendre la réponse qui allait bientôt se faire.

Un serveur, s'avança vers notre table posa son plateau sur la table avant de prendre les verres vides, tout en souriant :

« Voulez vous encore autre chose ? »

La raison me rattrapa quelques secondes : il fallait rester un minimum lucide pour tenir un dialogue normal.

« Pour moi ça ira, mais peut-être que mademoiselle veut encore un verre ? »

Mon objectif était maintenant d'essayer de faire boire cette jeune femme, un maximum pour qu'elle s'ouvre. Avait-elle quelque chose à cacher ?

-Fake-

Je souris à cet homme qui se tenait en face de moi et qui, pendant qu'il se taisait, semblait s'interroger sur mille choses à la fois, je bus un peu pendant qu'il parlait, observant avec lui la police et les secours, qui avaient beaucoup à faire dans ce lieu en cette soirée. Tout ça ne me dérangeait pas, j'avais l'habitude des drames, j'avais même l'habitude des morts. Quand je me fis la réflexion, je me dis que je n'avais jamais tuer personne. Puis je me demandai si au fond, j'en serais capable, si le jeu le nécessitait. Oui, je le serais sans doute. Je ne savais pas, je n'y avais jamais été confrontée, parce que... Les gens n'ont pas besoin de moi pour se tuer à petit feu. Ils se tuent par leur cupidité, leur égoïsme, leurs soucis de personnes fragiles ! Si j'étais comme ils sont, je serais déjà morte, oui, je le serais déjà. Ce Lyô Hayato, lui aussi, devait souffrir d'une chose, d'une blessure, et mourir peu à peu, comme eux tous. Quelle blessure ? Je le saurais bien assez tôt si la soirée se prolongeait. Il avait l'air à l'aise, malgré son observation insistante des policiers et de toute l'agitation qui s'agitait dans ce bar. Il me laissa dans un silence apaisant pendant de longues minutes, que je laissai passer avec patience, essayant de détecter dans ses yeux quelque nuance révélatrice. Je ne vis rien, et le taux d'alcool qui remuait dans mes veines n'arrangeait rien, et enlevait une grande part de clarté à mes pensées. Je n'entendis même pas quand il me parla de la police, et ne fit pas attention à sa remarque. Je n'avais pas envie d'y répondre, je ne savais pas quoi y répondre. Je choisis donc de l'ignorer royalement.

Mon interlocuteur redevint réellement mon interlocuteur quand il se remit à parler, une fois le silence rompu par le départ des autorités. Il me posa des questions étranges. Je ne pus m'empêcher de faire de grands yeux étonnés, de lui adresser un gros regard mauve, plein de surprise. Je ne m'y attendais pas. On me posait parfois ce genre de question, oui, mais n'ayant pas les idées très claires, ça me surprit plus que ça n'aurait dû. Je ne sus d'ailleurs pas tout de suite quoi répondre. En quoi étais-je si intrigante ? Et en quoi s'imaginait-il que ma vie était passionnante ? Je le regardai comme une idiote pendant un temps, avant de tenter une réponse, qui a tout hasard, me semblait pourtant une réponse relativement bonne.

"Moi, j'vous intrigue ? Et est-ce que j'ai une chance de savoir pourquoi avant de vous répondre ?

J'avais répondu sur la défensive, oui, j'aimais répondre de cette façon, autant que j'avais horreur de parler de moi. Répondre à cette question me répugnait presque. Je ne souriais plus, et je le fixais comme on fixe une bête curieuse. Quand il me proposa à sa manière si poli un verre, je répondis directement au serveur.

-Un verre, oui, un autre. De ce que vous voulez. Merci.

Quand il fut parti pour exécuter sa commande, je reposai mon regard sur mon charmant jouet. Je ne l'aimais pas. Pas trop. Il était un humain après tout. Il devait être comme tous les autres. Un pauvre ***. S'il avait vu mes oreilles, il ne se serait pas installé à ma table, il ne m'aurait pas ainsi exposée au tendre jeu que je pourrais mené à ses côtés. Je faillis parler avec haine, mais me contint sans ne rien laisser paraître, à part l'inexistence nouvelle de mon sourire.

-Ma vie. Elle n'a rien de passionnante."

Je terminai là-dessus, et mon verre arriva vite. Je le vus d'un trait, et le contemplai jusqu'à obtenir sa réponse, le cerveau à moitié en sommeil.